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7 décembre 2008 7 07 /12 /décembre /2008 01:09

                                     J'ai voulu être une autre femme, plus jolie, plus grande. Mon corps me semblait une sorte de chose difforme que je trimbalais en grande disharmonie avec moi -même. Plus je regardait la photo de Sissi, plus je pensais que la nature n'était pas juste, et qu'il fallait en faire quelque chose, et vite!
                
                                  Mon médecin , qui semblait ne pas trop s'inquiéter avec ma prise de poids, m'explique que je pourrais faire un régime, "si vous le voulez vraiment" , avec une diététicienne de l'hôpital. Il me trouvait en bonne forme à ce moment, et n'y voyait pas d'inconvénient  majeur pour entamer une cure amaigrissante.
                  
                                   J'ai vu la femme en question, plutôt sympa, mais pas assez pressée de me voir perdre les 12Kg  que je comptais bien perdre en quelques mois : entre avril et  septembre. Elle trouvait cela trop brusque et pas vraiment judicieux. J'ai pris les menus que nous avons élaborés ensemble, plus les quelques conseils en matière de bien se nourrir et d'hygiène de vie, et suis rentrée chez moi, décidée à faire ce putain de régime, pour récupérer mon corps d'avant la chimiothérapie.                                                                                                                                                 
                   
                                  J'ai mangé des légumes à en devenir plante verte moi-même, j'ai bu de l'eau même la nuit, j'ai acheté toutes sortes de crèmes amincissantes, et par dessus le marché des pilules miraculeuses pour faire fondre le "mal" par la racine. Il faut dire que mon cas n'était pas tout à fait irrécupérable, car beaucoup de mon surpoids était dû à la rétension d'eau, à la suite d'un traitement poussé à la cortisone. Donc, en peu de temps, j'ai perdu beaucoup de poids et finalement, vers le mois de juillet,  je suis  rentrée dans un petit 42, qui me donnait à nouveau les formes d'antan.
                 
                                       
                                                
                                   ♥  pirouettes-cacahuètes, sensualité 
et érotisme . . .


                                    C'est dans cet état d'esprit et dans ce corps que je rencontre un homme extraordinaire, excellent amant, qui me réconcilie avec le sexe, pratique un peu abandonnée depuis ma séparation. A vrai dire, j'aime la chose, il n'en faut pas beaucoup pou raviver la flamme, et avec un type qui sait s'y prendre le tour est joué, au propre comme au figuré.
        
                                    Il m'a fait l'amour tel un dieu à sa déesse, avec une fougue magistrale et un appétit toujours renouvelé. J'ai enfin appris, qu' en réalité, je n'avais pas été aussi bien "honorée" que je le croyais; que la personne qui m'avait fait l'amour durant  ces dernières années n'était en somme qu'un homme qui assouvissait son désir sans y mettre d'imagination, plutôt content, voir très content, de son orgasme et de son beau joujou. Très peu de préliminaires, quasiment jamais, des positions tous ce qu'il y a de plus domestiques, rien de bien folichon, quoi ! Un 69 de temps à autres, pour casser la monotonie, et puis marre ! Moi, je suis cliente de la belle partie de jambes en l'air, de celle qui ressemble à un ballet bien chorégraphié, car je suis souple, les années de danse classique m'ont rendue suffisamment malléable pour des pirouettes- cacahuètes en pas- de- deux à l'horizontal.  Mon  Ex mec, un peu nounours, avait du mal à bouger au même rythme que moi. Ainsi, nous avions  nos "cadrages habituels" dans lesquels chacun trouvait sa part de bonheur, sans trop se poser des question quant à la forme. Le fond y était.
                 
                                   A la fin de l'expérience incroyable vécue avec cette personne hors du commun,  j'ai compris que  pendant longtemps  j'avais fait l'amour avec un homme, que j'aimais et qui m'aimait, sans pour autant y mettre la charge de sensualité et d'érotisme auxquels je suis parfaitement capable lors d'un jeu amoureux avec un partenaire plus fantaisiste. Mon homme était franchement très papa/maman, et du coup, je me suis accommodée, sans demander de prestations plus sophistiquées. J'aimais son corps, son odeur, sa peau matte. A l'instant suprême du plaisir, tout le reste n'était que détail, que quantité négligeable, sans importance... nous avions une sexualité pépère, avions du désir l'un pour l'autre, et  pensions que la qualité de tout cela nous était acquise.                       

                                                                                  ♥
 

                                   Il m'arrive aujourd'hui de me demander comment il est au lit avec sa Sissi ? Est-ce que cela a aussi changé ? forcement, car elle est jeune et en apparence le feu au cul, vu comment elle chauffe les mecs sur Internet ! ça laisse croire qu'il doit bien s'entraîner! Ce n'est pas pour rien qu'il a énormément maigris. Et comme ils ne se voient  qu'en période de vacances,  ils doivent se bouffer l'un l'autre jusqu'au trognon !!  Est- ce que Sissi sait faire ce que je lui faisait si bien, au point de le rendre fou et complètement addict ? Je ne crois pas, nous avons parlé de ça il y a  peu de temps. Maintenant nous arrivons à parler de Sissi, et il m'a dit qu'il n'avait pas connu mieux après moi, que faire l'amour avec moi revenait à en  faire avec du sel, du sucre,  et des épices...il y avait de la salsa dans l'air.  Alors que Sissi, c'est la valse viennoise à la Strauss, qui tourne, qui tourne...qui tourne.
                       
                                En disant cela, il m'a prise, vigoureusement, m'a roulé une pelle et fini par me murmurer à l'oreille:"que je me sens bien dans tes bras"!
                                 Ah, l'enfoiré!






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20 novembre 2008 4 20 /11 /novembre /2008 19:41

 

                                 
              ( I )                                                                                             

De plus en plus greffé à son ordinateur,  ou vice- versa,  Mon Ami arrivait le soir, à peine posée sa veste que l'appareil était déjà ouvert sur ses genoux, passant ainsi un long moment avant le dîner, à regarder son site et ceux  des autres. J'ai senti qu'il y avait bien plus que le fait qu' il récoltait de plus en plus de commentaires sur ses photos, mais plutôt que lesdits commentaires émanaient de quelqu'un en particulier et spécialement. Il m'a, un jour, parlé d'elle. Il m'a dit qu'il avait une fan en Autriche, qui lui écrivait des choses très poétiques à propos de ses photos, et que cela le flattait beaucoup. Il ne faut pas perdre de vue l'ego hypertrophié de Mo -Ex doublé d'un besoin ancestral de reconnaissance. Il n'est jamais satisfait, il lui faut toujours d'avantage. J' ai compris que cette femme lui écrivait souvent et qu'ils échangeaient en ligne le soir. Cela se passait très probablement devant moi. Je me souviens des fois où il était comme qu'hypnotisé devant son écran, les yeux brillants, un sourire difficilement contenu aux lèvres, une sorte de rictus qu'il avait bien du mal à dissimuler.

           A  cette époque, j'étais en fin de chimio, grosse et chauve, avec un traitement pour devenir ménopausée qui fout en l'air la libido et la bonne humeur. Mais pas pour autant aveugle! Et rien de tout cela ne m'empêchait de voir que quelque chose pourrissait gentiment dans le royaume du Danemark.                                                                     Je me suis dit: "il faut tenir coûte que coûte jusqu'au 21 décembre", jour de la dernière cure, pour ne pas tomber dans le piège de voir son site Internet et craquer ensuite. Mais cela, aussi, pour me protéger du pire.                  J'aime beaucoup ses photos, je les connais très bien, j'avais vu plusieurs fois sa galerie sur Internet, avec lui, quand il voulait me montrer quelque chose. Mais je ne me suis jamais attardée sur son forum, je ne sais pas si j'ai eu, un jour,  l'occasion de le regarder vraiment, tant cela, à mon sens, était de son domaine privé. Même s'il le transformait de plus en plus en domaine de chasse. Pour moi ce qu'il se disait sur cet espace d'échange concernait mon ami.

         En aucun cas mon attitude fut celle de quelqu'un d'indifférent à son "succès", mais plutôt celle de quelqu'un qui l'aimait et qui lui faisait pleinement confiance. J'étais contente de savoir qu'il avait des commentaires élogieux, et qu'il devenait de plus en plus connu, cela pour moi ne pouvant pas cacher d'autres intérêts ni d'autres interactions avec le plan sentimental. Je ne pouvais pas imaginer que s'il allait souvent la dessus c'était aussi parce qu'il voulait faire des rencontres,autres que celles purement "artistiques", n'excluent surtout pas une rencontre amoureuse.                                                                                                          

 

         Je suis artiste moi aussi, j'ai derrière moi un background d'expos plus grand que celui de Mon Ex,  je sais combien il est agréable d'être appréciée pour la qualité de son travail, mais ce que j'ignorai au sujet de ce brave homme, c'est qu'il se servait de la photo pour séduire et pour se faire remarquer dans la" foule". Son travail artistique n'étant pas visiblement animé d'une réflexion sur la photographie ou sur l'art en général, devenait l'instrument à travers lequel il pouvait plaire, sachant qu'il ne s'autorise à exposer que ce dont il est sûr du succès immédiat. Jamais de prise de risque qui pourraient se prêter à la polemique, il ira jusqu'à enlever des images s'il pense que c'est plus sur pour garder son statut, tout est dans le politiquement esthétique, pour ne pas générer de discorde. Ce qu'il fait est sûrement joli à regarder, fait consensus, mais va rarement au delà. Heureusement pour lui qu'il a un certain talent, cela compense son amateurisme.                                                                                                  
         Quant à moi,  mon seul deal c'était d'arriver en bon état psychologique à la fin de mon traitement, pour boucler la boucle chimio, car la radio continuerait encore durant le mois de janvier. Je me suis fixée comme date butoir pour aller  toute seule, visiter sa galerie, le 20 décembre, veille de la cure. Je voulais savoir à quoi  ressemblait celle qui détournait mon homme de mon chemin, à distance et avec persévérance.

                                                                  20. 12. 2007

       J' étais piètre navigatrice Internet, ce qui ne veut pas dire que je me sois beaucoup perfectionnée depuis, mais ça va mieux,  merci !  Je me souviendrai toujours de la matinée où, quand j'ai tapé le nom de Mon Ex.com,  je suis tombée sur ses photos, puis ensuite sur ses conversations lyriques et poétiques avec l'allumeuse de service. Elle connaissait un rayon en allumage, et savait bien s'y prendre pour attirer l'attention sur son immense capacité à aimer les photos de ce ringard !

       Mon coeur s'est mit à battre très fort,  j'ai eu une sorte de vertige, qui m' a brouillé la vue. Mes mains tremblaient sur le clavier et je n'arrivais pas à faire bouger la souris.

       Je me suis dit qu'il était en train de tomber amoureux de cette femme, je lui reconnaissais parfaitement les signes. Au soir de ce même jour, je suis retournée voir ce qu'ils se disaient en chat  et j'arrive au moment d' une superbe histoire des Mille et Une Nuits , qu'il racontait à sa nouvelle conquête, inspiré par l'une de ses photos à elle, prise à Malte.  A la fin il lui souhaite "bonne nuit!"

 

       Ce soir là je dormais seule, chez moi, sans avoir droit à quelque histoire que se soit, sans le moindre " bonne     nuit".                                                                                                                                                

       Je me suis couchée tard, je n'arrivais pas à trouver le sommeil, ce fut par épuisement nerveux que je me suis assoupie. Il me le fallait bien, car le lendemain je devais être à St. Louis, à  9h, pour ma dernière cure.

       J'étais perplexe, anéantie, puis, me suis laissée envahir par une profonde tristesse qui occupait toute la place de l'amour en moi. Et j'ai baissé les bras.

 

       ( II )

 

                                    Mais qui es - tu , à la fin?                                 

 

       Étrangement, après avoir consulté le site de partage de photos je n'ai pas eu envie de réagir, ni d'en parler à mon ami. J'ai vu comment il se laissait complètement prendre dans le jeu de séduction qu'ils avaient tous les deux engendré, et comment il en devenait accro. Dès qu'il arrivait à la maison le soir il avait son portable collé aux genoux, sous prétexte qu'au bureau  tout allait tellement vite qu'il n'avait pas le temps pour consulter ses mails. Et alors qu'un signal d'arrivée de courrier apparaissait sur son l'écran il se jetait dessus, complètement absorbé par la chose.             

 

      Il regardait beaucoup les galeries des autres photographes,  pour ensuite se livrer aux écritures de commentaires qui pouvaient prendre facilement la soirée. Cela me dérangeait et j'en parlais souvent, mais avec sa mauvaise fois légendaire il rétorquait, se servant du fait qu' Internet ne me plaisant pas je passais sûrement à côté de quelque chose. Eh oui!

 

       Moi, je commençais à peine à comprendre comment tout cela marchait, j'ai eu besoin d'une bonne après midi pour pouvoir y naviguer plus à l'aise, et me débrouiller toute seule avec les questions et les réponses, sans savoir souvent comment me sortir des complications, et sans ne rien dire à personne.

 

       J'ai compris qu'il était aussi intéressant de voir leurs conversations avec d'autres, car celles-là recélaient des petits trésors de confidences et de complicité. C'est  ainsi que j'ai pu connaître un "autre homme", diffèrent du mien, qui ne disait pas les mêmes choses à ses correspondants de forum qu'à moi. Et croyez- moi, par fois cela relevait du grand - écart.

 

        Par exemple? je savais bien qu'il avait du mal à saisir l'intérêt que l'on peut porter aux photos floues. Je me souviens d'une fois où nous sommes allés à la Fnac pour une expo d'un concours de photo, dont le gagnant exposait une photo floue, qui pour nous, n'avait  ni queue ni tête. Mon Ex avait trouvé cela nul, sans recherche  technique, ni artistique. Ses réflexions, en rien élogieuses, ont laissé paraître que ce genre ne lui plaisait pas.  Eh bien! à peine quelques mois plus tard, je lis ses commentaires dithyrambiques sur des photos floues, mais, attention !  elles avaient été au préalable vues et commentées par "belle plante", à qui  le genre avait l'air de plaire beaucoup. Donc, comme il faut séduire à tout prix, et que tout argument peut cacher une intention, il s'est vite mis à aimer cela aussi.                                                                                                                                                                                     

        Par ailleurs, il ne comprenait pas non plus l'engouement pour les photos abstraites, lui le photographe humaniste qui cherche la complicité de son sujet ! Cet homme, passe à commenter les photos floues et abstraites déversant des tonnes de compliments aux photographes. Et comme, de plus en plus il commentait les mêmes choses que Sa Mignonne... il va de soi qu'ils se sont vite trouvé un grand terrain d'entente, des goûts partagés, qu'elle a l'air de bien apprécier et de  vouloir mieux "exploiter". Ils s'invitent mutuellement pour venir au Maroc et à Vienne.                 .                                       

 

        Cela me deroutait, car je ne comprenais pas l'écart entre une opinion donnée en toute sincérité, du moins je le croyais, et une autre, un peu fabriquée pour l' occasion, où il fallait dire son contraire dans le but d'être en phase avec un interlocuteur. Je suis peut être  rigide, mais une chose est certaine, je suis authentique dans mes prises de position et dans mes d'opinions, soient- elles artistiques ou politiques. Bien évidement, je m'accorde le droit de changer d'avis quand l'on me prouve que je me trompe ou quand, par moi même, je me rends compte de cela. Le retournement de veste n'étant pas mon sport favori, je ne me sens pas girouette pour des cacahuètes. Croyez- moi, quitte à faire psychorigide, mes points de vue je les maintiens, aussi souvent que je le peux, et je les defends. J'ai une personnalité plutôt affirmée, il est plus probable que dans mes idées, d'autres me suivent, que l'inverse.                                                                                             

         J'ai  trouvé dans tout cela matière à m'inquiéter pour la suite de notre relation, j'avais compris que s'il cherchait à avoir, avec son Autrichienne,  les mêmes opinions sur les mêmes choses c'était pour créer l'opportunité de chatter avec elle, donnant ainsi  lieu aux échanges, où ils se racontaient l'un à l'autre avec des petites phrases pleines de malices et de bonne humeur. Justement, la bonne humeur à laquelle je n'avais plus droit depuis un bon moment. 

 

         Les opinions, que j'appellerai  "versatiles", de  l'homme que je fréquentais depuis huit ans et que je pensais bien connaître, sont  innombrables, et dans des domaines variés. Mais après tout, l'opportuniste qu'il est peut aussi se dire que seul les idiots ne changent pas d'avis ! Comme de chemise, je rajouterais.                                           Aujourd'hui je vois mieux la nature du jeu auquel il s'est livré avec cette file. Il lui fallait faire vivre un avatar, car sa propre existence lui paraissait sombre. Vieillissant, il avait besoin de mesurer son pouvoir de séduction à distance, et si ça marche, à proximité aussi...se prouver que tout est encore en état de fonctionner et surtout, qu'il plaît, toujours !! Mais alors,  pour quoi me disait- il, avec ardeur, qu'il m'aimait? Que j'étais la femme de sa vie, sa " boussole" et bla et bla et bla...

 

           J'ai vécu dans le silence ( un parti pris ) de tout cela durant six longs mois, après notre séparation définitive en début mars. Pendant ce temps, j'ai vu régulièrement leurs photos respectives sur leurs sites, j'ai accompagné leurs voyages, en France et à l'étranger, sans bien intégrer ce qu'il m'arrivait. Je l'ai eu au téléphone à plusieurs reprises, nous avons parlé de choses et d'autres, je lui ai demandé s'il avait quelqu'un, nous nous sommes vus, et même avons dîner ensemble, plus d'une fois. Il m'a toujours nié la moindre relation ou sinon, il prétendait que ce sujet là ne devrait pas être abordé entre nous:

-  Je ne te demande pas si tu as un mec, alors...                                                                                                           Une sortie cynique, qu'il balançait sans encombre. J'aurais préféré qu'il m'en parle ouvertement et sincèrement, j'aurais pu comprendre la fin d'un amour, j'ai aussi arrêté un jour d'aimer un homme, mais cette façon de faire, pour moi, était inédite et si peu adulte!                                                                                                                                                                                                                       

             Il m'a prise tout simplement pour une idiote durant toutes ces années, une incapable de quoi que ce soit sur un ordinateur, sans commune mesure avec sa photographe chérie, elle y est super- performante, au point d'en faire un métier. Je me sentais la nulle de service, il pouvait continuer à faire ce qu'il voulait tout en me mentant  honteusement, cela m'était égal. Je l'ai laissé s'enfoncer dans sa marre, de toute façon le mensonge chez lui est comme une seconde peau, ça aussi je l'ai appris.                                                                                                                   

             L' été arrive, et avec lui s'en vont les souvenirs de mes dernières années en bonne santé consacrées à vivre un amour déchirant et puissant, qui occupa une place immense dans ma vie et qui désormais partait loin de moi à une vitesse extraordinaire.                                                                                                                                                                 

              J'ai pleuré toutes mes larmes et un jour je me suis réveillée comme "une autre"... une envie de rendre le coup avec la même bassesse.

                                                               FIN  DE LA PREMIERE PARTIE

 

                                                                                   ♥

 

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18 novembre 2008 2 18 /11 /novembre /2008 20:22


 

                                   En novembre 2007 J'avais remarqué que Mon Compagnon changeait de comportement et plus encore après un voyage de dix jours dans son pays. Je ne savais pas si cela était lié aux quelques problèmes qu'il rencontrait dans son travail ou si c'était moi, très malade à ce moment, la source de tant de malentendus. Nous avions atteint le sommet de l'incompréhension et avions du mal à "parler la même langue" à un tel point , que je me suis demandée si ce n'était pas fait exprès. Il ne trouvait du plaisir qu'à aller sur son site Internet, il chargeait de plus en plus de photos, et moi je ne me doutais de rien, rien du tout

 

                                   Nous nous voyions peu à cette époque, car je devais être à Paris pour la chimio et les différents rendez-vous médicaux qui avaient lieu à Saint Louis.  Les week - end nous les passions ensemble, en général chez lui, rarement à faire autre chose que regarder la télé, et faire à manger. Il travaillait souvent à la maison, en deadline, avec la corde au coup, il préfère produire sous pression. J'en étais servie. Ses humeurs, toujours exécrables, sur la défensive quoi que je dise,  je ne comprenais plus l'homme qui j'aimais et qui m'aimais.

 

                                  Quelques jours  avant son départ au Maroc nous avions parlé de vivre ensemble, dans un même appartement. J'ai proposé que l'on aille voir Melun, jolie ville de Seine et Marne, qui conserve un air de campagne  avec ce qu'il faut de vie citadine. Je connaissais Melun, Mon Ami, non, il n'étais jamais allé là-bas. Nous avons cherché sur Internet des appartements dans ce coin et sommes allés sur place voir ce qu'il y avait de visitable.  

 

 

                                          . . . et des arrêts de bus : )

 

                                                                                                                                                                             C'était  un dimanche, il faisait déjà bien froid. Nous nous sommes promenés au long des quais, parfois la main dans la main, parfois lui, devant ou derrière moi, pour faire des photos. Dans la Seine il y avait une famille de canards et des cygnes qui se laissaient photographier, sans gêne, au point de venir nous approcher sur la berge.  Il a fait de jolis portraits de ce petit monde, qui s'est  parfaitement prêté au jeu. Nous avions repéré quelques quartiers agréables et nous sommes  promis d'y retourner le week - end d'après pour visiter peut - être un appartement.  

           Le samedi suivant,  retour à  Melun sur nos pas du dimanche passé.  A côté de l'Église, dans le centre ville, nous avons trouvé un appartement à louer qui semblait avoir une belle surface. Ce quartier est  très vivant  comme je les aime,avec des  commerces  en profusion et... des arrêts de bus! ça pour moi c' est super important car je ne conduis pas et dépends des transports en commun. Je ne trouve pas que ce soit  un problème, seulement il me faut vivre dans un coin où je peux facilement prendre un bus ou un métro pour pouvoir bouger. Mon Ex , lui,  était habitué à vivre dans la banlieue, dans des quartier plutôt résidentiels , où il n'y a presque pas de transport, où la voiture s'impose comme seul moyen pour quitter le domicile. Pour moi, habituée à la vie dans des grandes villes, être égarée dans la cambrousse me paressait impossible.                                                 

           Après sa séparation il est parti vivre dans  l'Essonne, dans une jolie ville très verdoyante et très résidentielle, à plus d'un Km de la gare RER . Pour lui c'était commode, car son bureau se trouvait à quelques minutes à vol d'oiseau. Mais pour moi c'était impraticable,  il m'est arrivé  à plusieurs reprises de me taper ledit  Km,  quand il n'était pas là pour me déposer à la gare. L'idée de dépendre de lui pour sortir m'était  insupportable!

            Le choix de Melun s'est présenté à nous comme une solution  pratique et moins chère que Paris. Nous cherchions à vivre dans un grand appartement,  ce qui à  Paris nous coûterait  beaucoup. J'étais d'accord pour partir  vivre en banlieue, parce que  vivre avec l'homme de ma vie me semblait plus important que tout le reste.

            Nous avons finis par prendre rendez-vous pour visiter l'appartement en question, Mon Ami est allé le voir le matin même de son départ au Maroc. Quand il en est sorti, il m'a appelé pour me dire que c'était très bien, qu'il fallait que je le voie aussi, et il est parti. Après un léger quiproquo avec le propriétaire, il n'a pas donné suite à notre demande, et Mon Ami n'a pas voulu suivre tout à l'étranger.  Du coup,  je n'ai  jamais vu l'appartement et n'ai jamais pu joindre le propriétaire, joignable uniquement sur son mail... en vérité je pense que Mon Ex a fait  traîner les choses, et a fait machine arrière quand il a vu que notre situation était, effectivement, en train de bouger.

 

 

            Depuis son retour du voyage, je n'ai plus retrouvé en lui le même élan et les recherches d'appartements se sont  doucement stoppées. A la fin novembre, nous avons eu une conversation sur les décisions qu'il faudrait prendre et j'ai senti qu'il avait sensiblement change. Je ne pense pas que ce soit dû au fait que nous étions dans une mauvaise période, mais plutôt, qu'il avait déjà et à nouveau commencé à chercher ailleurs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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30 octobre 2008 4 30 /10 /octobre /2008 21:35

 

 

 

         Vengeancebrune me prend de surprise, elle tape sur le clavier de mon ordi avec ses longs ongles rouge-sang, l'on dirait qu'ils ont trempé dans la chair d'une proie imaginaire qui s'est débattue et finalement épuisée, se laissera dévorer. Ils sont comme cela les ongles de Vengencebrune, comme des griffes acérée prêtes à l'assaut. Ses doigts rapides sur le clavier m'impressionnent. Je sais qu'elle veut trouver les derniers échanges entre Mon-Ex  et sa Sienne. Ils sont souvent en contact, c'est facile de les surprendre.  Vengencebrune arrive sur ses photos à lui : il y a la série de son premier voyage en Autriche, du noir et blanc, de la couleur, et des contrastes sublimes sur des paysages éthérés, sur fond de brouillard, et de bleu métallisé du Danube.

                                                                              
          Elle est là, en noir et blanc, superbe, longiligne. Elle est aussi photographe, elle pose avec son appareil. La photo s'agrandie et  Vengecebrune regarde attentivement les détails passés à la loupe. Pas de rides, une peau claire, nette, apparemment soignée.  Soit, il l'a traitée au photoshop ou sinon elle est vraiment parfaite. Mais même une beauté  aussi  parfaite a son talon d'Achille, je ne le trouve pas, mais c' est désormais tâche pour Vengencebrune, elle fera la recherche qui s'impose, pour obtenir d'autres photos du visage de celle qui est en train de tourner le tête de son mec, et par la même occasion me rendre méchamment curieuse.

          En effet , je suis retournée sur ce site de partage de photos, c'est comme  cela que j'ai appris qu'il rodait tel un vieux loup autour de cette fille depuis longtemps en la comblant de messages, tous plus flatteurs les uns que les autres.  Il lui trouve une grande sensibilité et du sens de l'humour, surtout quand il s'agit de commenter ses photos, elle dit exactement ce qu'il veut entendre. L'ego sur dimensionné de Mon Ex se nourrit de ses paroles, il est en communion avec cette allumeuse, qui ignore que je suis là et que je les observe
.                                      

           Vengencebrune  fait mieux encore, elle cherche les informations sur la fille. Que dis-je, la fille? Oui, par, politesse (?), car c'est une femme qui a la quarantaine passée, alors que le  mâle-aimé a déjà plus de 60 ans! Des informations sur elle : adresse mail, son vrai nom, son adresse et son n° de téléphone. Ce fut facile car tout cela se trouvait sur son website, elle est artiste peintre, entre autre, et fait  la présentation de ses copies de tableaux de maître (décidément!) qu'elle propose comme décoration d'intérieur pour des lieux commerciaux. Je sens que Vengencebrune va réagir et cette fois-ci, elle laissera des traces de son passage. Elle dépose un message sur le forum, avec un nom fictif, plein de malices, dans un commentaire écrit au masculin. Elle ouvre aussi les photos de leurs " copains ", c'est dire combien elle est rentrée dans ce truc infernal, qui petit à petit  l'ensorcelle.                                                                                                                                    
      
            Je me rappelle qu'un jour Mon Ex m'a parlé de cette "communauté" comme d'une grande famille virtuelle, où tout le monde s'aime bien. Tu parles, où tout le monde le gonfle à bloc, c'est un bon photographe, qui aime aussi écrire sur le travail des autres. Des phrases, souvent empreintes d'inspiration bon- marché,d'adjectifs qui mis bout à bout, parfois, ne veulent pas dire grand chose. Il a beaucoup d'aisance pour faire du remplissage de vide, et quand il ne sait  pas très bien que dire, il dit  "c'est profond" ! Certains l'ont surnommé "le maître" ou "il maestro" pour les chatteurs italiens, qui ont du mal à décoller de cette idée moyen-âgeuse du "maître".Tous attendent de lui une parole, une critique, une direction à suivre, un enseignement  précieux, un soupire de plaisir ! Il leur donne à voir et à lire. Ses commentaires sont souvent plus détaillés que ceux des autres, le maître a plus à dire à ses disciples, et à sa disciple, en particulier! C'est bien simple, l'âne frotte l'âne. Et ainsi vont-ils, d'éloge en éloge, entretenir le feu qui semble de plus en plus crépitant! Je tombe de haut encore, maintenant.

 

 

                                   . . . une situation absurde  : (  

 

 

             Il faut croire que tomber de haut est devenu ma deuxième nature. Je suis d'abord tombée du haut d'un petit bonheur que j'avais cru construire au fil  des huit années, durant lesquelles nous avons partagé des joies et des douleurs,  toujours la main dans la main. J'aime cette idée de main dans la main car il a des mains magnifiques et  que les miennes y ont souvent trouvées refuge et chaleur. Nous avons été amants et compagnons envers et contre tout.                                                                         

               Notre relation était secrète, il était marié, vivant encore avec sa femme et leurs trois enfants dont seulement le dernier était mineur. Au moment où nous nous sommes rencontrés sa relation avec elle était déjà au point mort, ils faisaient chambre à part depuis un certain temps. C'est du moins ce qu'il m'a raconté. Et il n'est pas impossible que durant un moment il ait pu baiser les deux. Il m'a aussi raconté qu'il avait eu plusieurs maîtresses avant moi, et qu'il pensait, de plus en plus souvent, à leur divorce.                                                                          
               Moi, je vivais dans une situation semblable à la sienne, j'étais mariée mais mon couple n'avais plus aucune raison d'être et je pensais aussi à une séparation imminente. J'avais, à cette époque, une relation suivie avec un homme extra, qui s'est étiolée au moment où moi et mon Ex avons coucher ensemble. Cette nuit là il s'est produit quelque chose de magique entre nous, et après l'orgasme, le premier d'une longue liste, il m'a dit qu'il m'aimait. Cela est sorti comme un gémissement, mixé à un souffle, dans ma nuque. Je l'ai entendu et senti dire : "je t'aime". J'ai vibré de toutes mes cordes, j'ai eu l'impression d'être suspendue dans l'air, en flottaison comme un nuage. Moi aussi, je lui ai dit "je t'aime" .                                 

               Peu de temps après,  je me suis séparée de mon mari, ma fille a voulu habiter chez son père, par un choix de proximité avec son Lycée. Après ma séparation je suis venue vivre à Paris. dans un tout petit appartement qui est devenu, par la suite, notre nid d'amour et notre refuge.                                         

                Nous savions que le jour où son fils serait majeur, nous pourrions envisager de faire un vrai bout de vie ensemble. Il ne voulait pas partir de chez lui tout de suite, la relation du fils et sa mère était infiniment conflictuelle, le garçon, profitant de l'instabilité du couple parental, filait un mauvais coton. J'ai pu tout à fait comprendre la difficulté de cette impasse. Étant mère moi même, je me suis dis qu'il valait certainement mieux pour tout le monde qu'il reste à la maison, attendre le moment  propice pour partir, sans laisser derrière lui un immense désordre, dont personne ne pourrait tirer profit. Il quitterait définitivement sa femme, je le savais,  pour s'installer, dans un premier temps, seul, et puis après,  nous emménagerions dans quelque chose qui serait notre chez nous.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                         J'avais des idées plein la tête, de tout un tas de trucs que je voulais faire et partager avec lui...   J'avais tant voulu voyager, voir quelques coins du monde qui nous plaisent ... nous sommes tout les deux français d'adoption habitués aux changements de paysages , aimant la découverte et les langues étrangères. Je voudrais lui faire connaître mon pays, tout comme je voulais retourner dans le sien, avec lui, pour  faire le voyage de mes rêves...Cet homme était l'homme de ma vie!   Mais la vie nous réserve des surprises et se moque pas mal de nos projets ou de nos envies.Finalement , rien ne s'est passé comme prévu, à la suite de son départ de chez lui. Et je me suis trouvée à me demander ce que j'avais fait pour moi durant tout ce temps où je l'ai attendu.                                                                                                                                                                          

                Notre relation a traversé des moments difficiles, des gros moments de crise, mais nous avons toujours su nous réconcilier,  et les nuits d'après réconciliation ont été mémorables, remplies d'amour. Du moins c'est ce que je croyais dur comme fer , tellement je ne voulais pas le perdre.  L'aimer pour moi c'était  une chose naturelle, qui ne demandait aucun effort , je fus complètement  à lui. Et la cerise sur le gâteau c'est qu'au lit c'était bien, je le désirais comme à la première fois, et lui ...aussi

 

                Du  moins c'est  ce que je croyais jusqu'en mai dernier, quand j'ai laissé entrer dans ma vie un souffle nouveau d'érotisme et de sensualité, qui a bouleversé les certitudes que j'avais sur la bonne qualité de ma vie sexuelle d'avant. Et ce homme qui ne m'a rien demandé, m'a donné énormement de plaisirs et m'a ouvert les yeux sur d'autres choses qui semblaient pourtant bien acquises, dans mon histoire alors que pas du tout. J'ai pu voir combien j'ai été naive et d'après lui, manipulée! C'est dur de devoir regarder les choses en face, mais je lui dis merci, d'avoir été là, et de m'avoir montré que mon bonheur était de pacotille, et mon mec, un sacré con.

 

                                           Claquemurée

 

 

                  Malgré le cloisonnement, qu'il pratiquait avec maestria lui permettant d'avoir une double vie sans entrave, j'ai réussi à garder ma vie sociale même, si par moments, je prenais de la distance avec mes amis pour être plus souvent avec mon compagnon. Nous avions la priorité, c'était convenu comme cela. Nous vivions séparément, mais la majeure partie de la semaine il était chez moi, à Paris. Il fréquentait mes amis, en revanche je ne pas connu d'amis à lui, sous prétexte qu'ils étaient en commun avec sa femme et que les quelques amis" à lui" ne vivaient  pas en France, mais au Maroc. Je me sentais à l'étroit dans cette situation, et maintes fois lui ai demandé, même insisté, pour rencontrer des personnes connues de lui, en proposant d'organiser des dîners ou autre chose,  si cela lui semblait possible. Mais le mur était bien dressé entre moi et ses connaissances, je peux dire que je n'ai presque jamais vu personne. 

 

                    En réalité, je n'ai rencontré que deux seuls amis, mis dans la confidence par la force des choses. Sa famille ne connaissait pas mon existence, à part un frère,  venu à Paris et chez moi pour une soirée. A l'époque, il était célibataire et je pense que c'est pour cela que j'ai pu le rencontrer. Me rencontrer, ne le mettait pas trop en porte faux , car célibataire en vadrouille, il n'avait pas la morale très haut placée. Sinon, moi je connaissais l'histoire de presque tout le monde :cousins, tantes, frères,soeurs, mère, enfants et j'en passe.                                                                               
                    De mon côté c'était clair, il avait très vite connu ma fille ensuite ma mère, venue en France quelques fois, et tous mes amis, que nous fréquentions ouvertement. Heureusement que j'ai su entretenir mes liens amicaux. Ce sont mes amis qui m'ont soutenue dans ma douleur et  ma solitude, j'ai pu compter sur eux sans exception.

                     Nos vacances nous les passions séparément, jamais il n'a été  possible d'envisager quelque chose ensemble. De son côté il partait au bled, avec les enfants, sa femme, peut être encore une ou deux fois, et plus du tout après. Elle partait en vacances avec ses amis ou sa famille, comme une grande . J'ai voulu que l'on parte  ensemble, je lui ai proposé de venir au Brésil avec moi, mais pour lui c' était impensable des vacances ailleurs qu'au bled. Du moins pour les vacances d'été.  En huit ans,  je suis allée une fois au Maroc avec lui,  j'ai adoré ce pays et me suis promise d'y revenir pour mieux le visiter. Mais même là, il a fallu rester loin de sa famille, la pestiférée que j'étais!  Même après sa séparation, alors qu'il vivait seul,  il n'était pas question que je rencontre ses enfants, car cela pourrait certainement  chambouler l'équilibre fragile de leurs relations avec leur mère, et entre les enfants eux mêmes. Tous adultes, plus d'enfant mineur, depuis trois ans.   

 

                    Si j'insiste dans cette description fort ennuyeuse d'une situation absurde dans laquelle j'ai vécu de mon plein gré, c'est pour dire combien, en à peine six mois, tout cela n'était plus d'actualité et la greluche qu'il a ramassée sur Internet,  est partie avec lui en vacances, chez son frère et d'autres personnes de sa famille, car ils ont fait un superbe voyage entre juillet et août 2008, d'un mois, au Maroc, appareils photos en bandoulière. Dont les photos sont visibles sur leurs deux sites respectifs. Quelle conne je suis! et quel sacré menteur qu'il est!

                   J'ai appris dernièrement en parlant avec un ami psychothérapeute de ma rupture, et de comment, tant bien que mal, je me suis relevée, que ce que j'avais vécu, d'après lui, s'apparentait drôlement à de la manipulation narcissique. J'étais accaparée par notre histoire et je croulais sous la charge de problèmes qu'elle m'infligeait , sans voir clairement à qu'elle sauce je me faisais manger, en douceur.                                                                                                                                                                                                                                     Mon ami, qui ne mesurait pas les mots pour dire combien il était amoureux de moi, m'a vampirisée durant toutes ces années. Surtout les années d'avant sa séparation. Bien évidemment, à ce moment de sa vie  il avait besoin de moi, et du confort qu'il trouvait, chez moi, à Paris, pas loin de son travail de l'époque. D'autant plus que cela ne lui coûtait rien!  Il na jamais participé aux charges de mon appartement, en revanche il avait trouvé une superbe formule pour s'expliquer cette posture. Il disait, sérieusement, que tous ce que nous ferrions en dehors de la maison, serait payé par lui. Les restaurants, les sorties nocturnes, les loisirs divers et variés, les voyages....sauf que nous sortions très peu, de temps en temps au resto,  rarement en sorties nocturnes. Quand cela nous arrivait,  il m'est  aussi arrivé de payer, à pas mal des fois. Et, sur un mois, cela n'a jamais représenté la somme que  je depensais pour le mantien de mon appartement .                                                                                                    

                     Les voyages, on n'en parle pas, c'est bien simple, il n'y en a pas eu. Les quelques fois où nous sommes partis ensemble, une fois en Belgique,  une autre à Château Thierry et au tout début à Auvers sur Oise, c'est moi qui ai payé les billets de train, pour la Belgique et les chambres d'hôte à Château et Auvers. J'ai encore les factures  Il s'est fait des sacrées économies avec moi, ce qui lui permet facilement, d'en profiter maintenant,  avec une autre femme.                                                                                                                                                                  

                     Ah! il serait injuste de ma part de ne pas relever le fait qu'il m'ait acheté des électroménagers, tous très utiles, surtout par ce que il en profitait également ! Lors de son déménagement, que j'ai aidé à porter, car nous étions seuls à le faire, j'ai acheté plein de babioles chez Ikea, afin de l'appareiller convenablement dans la cuisine  et dans d'autres pièces de son chez lui. J'ai monté ses bibliothèques, j'ai installé tous ce qu'il a dans sa salle de bains, j'ai mis du fric là où aujourd'hui une autre se prélasse et s'envoie en l'air. C'est avec ce médiocre que j'ai consommé mes dernières années de jeunesse en bonne santé!                                                    

 

                     Pour mon ami psychothérapeute, demeurer dans cet état des choses fut pour mon compagnon, la façon qu'il trouvait d' entretenir une autre relation en parallèle à la notre. Ou, du moins, l'idée que cela restait possible. J'ai tout de même appris plus tard, qu'il avait couché, couché, couché...dont "une" était aussi une connaissance à moi. Qu'un jour se pointe sans prévenir, et lui, tout embarrassé, doit se débrouiller pour la faire partir, sous prétexte qu'il recevait un de ses frères!!!!  Il fallait voir sa tête quand il est revenu dans le salon, pour m'expliquer, l'inexplicable.                                                                                                                                                  Dans une sorte de toute puissance, il tissait ses réseaux, se croyant parfaitement  protégé... les informations ne se croisaient jamais, elles allaient dans des canaux distincts, les personnes changeant à chaque fois que les lieux changeait. Comme il savait très bien que j'étais aux antipodes d'Internet et qu'en plus, mes connaissances  en navigation étaient  quasiment nulles, il s'est senti tout à fait à l'abri d'une surprise et s'est laissé aller sans retenue.                 

 

                    Mais la cruche en a décidé autrement, et avec mes petites ressources, très malade et une peur bleu au ventre, je me suis lancée, sans filet, dans une recherche effrénée qui m'a, une fois de plus, fait tomber de très haut !  J'ai eu terriblement mal, mais je ne me suis pas pour autant découragée. Bien au contraire, je me suis prise par la main et suis retournée dans cet univers déjanté d'Internet , avec le grain de folie que je comptais bien apporter à la situation.

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31 août 2008 7 31 /08 /août /2008 20:58

 

 

 

      Avoir eu cette autre adresse mail a été pour moi comme un nouveau jouet, avec lequel je me suis amusée tout l'après midi. D'abord, j'ai envoyé des e. mails à mes amis, qui pour certains, m'ont répondu dans l'heure, surpris de me voir sur le Net, et en plus avec un drôle de nom. Puis,  Il y en a un...    qui répond...  déçu par mon comportement. J'étais pour lui le dernier bastion de résistance qu'il appréciait et qu'il était fier de bien connaitre.                                                                                                                                                                                                                  

       Presque plus personne ne résiste de nos jours. La mienne de résistance n'a rien de glorieux mais pour cet ami elle semblait  élaborée, fruit d'une réflexion construite avec un discours qui tient debout. Pour lui, un peu comparable au comportement de beaucoup des gens dans les années 70, des intellos ou pseudo - intellos post 68, qui refusaient d'avoir la télé chez eux sous prétexte qu'elle était aliénante. Mon ami avait l'air de beaucoup affectionner cette époque; il était nostalgique d'un temps qu'il n'avait pas vraiment connu, mais dont il partageait encore certains idéaux. Moi, enfant  de cette époque, j'ai connu d'autres enfants qui ne regardaient la télé que quand ils allaient chez leurs copains, ce qui pour moi était incompréhensible. Chez moi, la télé est arrivée très vite, parce qu'on y voyait une source d'enrichissement culturel et aussi parce que mon père, journaliste et homme de communication, pensait qu'il était naturel de profiter de ce média, devenu par la force des choses, l'un de ses lieux de travail.                

 

     Cette résistance a tenu, pour plus de gens que l'on pourrait croire, jusqu'au début des années 80. C'est à partir de là que résister à la télévision devient complètement ringard. Plus rien ne se fait en dehors d'elle, à  tel point que la société a beaucoup de mal à se penser sans elle. Nous sommes, en deux décennies, devenus des consommateurs aguerris, et avons besoin des stimuli que la télé envoie dans nos cerveaux de sapiens-sapiens addicts. Sans oublier, que dans ce lot de résistants, beaucoup dentre eux l'ont aussi fait par snobisme, sans idéologie particulière.  Juste pour ne pas faire comme les autres, pour se démarquer de la "masse consentante". Ce n'est pas mon cas, j'aime communiquer, j'ai un téléphone portable depuis dix ans, un fax, un ordinateur portable, j'ai eu un Tam Tam, oui,oui , mais Internet a du mal à rentrer dans ma vie de tous les jours. Il est vrai: j'ai résisté et je résiste ( mais pas trop ),  d'une façon moins radicale que celle de nos aïeux baba-cool 68tards, soit, à  une époque où résister ne nous viendrait quasiment plus à l'esprit, encore moins, résister à Internet. Quelle idée!

 

                                                                                  ♥

 

       C'est avec la nouvelle adresse que Vengencebrune est allée sur le site de photographies dans lequel Mon Ex expose depuis plus d'un an. En réalité elle revient sur ce site qu'elle "fréquente", pour ainsi dire, il y a quelques semaines déjà. C'est comme ça, en y allant à contre coeur, les mains moites et tremblantes, parfois avec des nausées à vous donner le tournis, que j'ai appris qu'il avait trouvé une autrichienne sur son forum, devenue  fan N° 1, inconditionnelle. Elle fait un peu plus âgée que sa fille aînée et par dessus le marché parait très belle, "comme la femme d'un autre", dirait Paul Morand.

      Leurs échanges sur leurs forums sont remarquables de flatteries, de compliments, d'éloges, de  comparaisons avec le travail des plus GRANDS. Et,  vas-y qu'ils se comparent à Cartier - Bresson, à Doisneau,  et j'en passe, alors qu'ils sont tous, là - dedans, photographes du dimanche, plus amateurs, tu meurs. C'est à vomir!!!  D'ailleurs beaucoup de leurs conversations enflammées ont eu lieu pendant que j'étais très malade et occupée à vomir mes entrailles après mes cures de chimiothérapie. Et en plus, préoccupée de le lui cacher pour ne pas qu'il s'inquiète!

      Quelle idiote!

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31 août 2008 7 31 /08 /août /2008 18:53

 

 

 

       J'ai demandé à Véronique d'aller à la banque à ma place, et pendant ce temps l'informaticien est  monté me voir à mon bureau. Il est un peu surpris, regarde avec étonnement la pile de papiers plus les bouquins qui traînent sur ma table de travail, et avec un sourire jovial, me demande:

      -Qu'est ce que je peux pour toi?

      -Pour moi? c'est titanesque mais pour toi c'est un  jeu d'enfant. J'ai besoin de créer une nouvelle adresse mail mais je ne sais pas comment faire. La mienne c'est Vero qui l'a faite.

        Je lui dis cela un peu gênée, mais quand il faut y aller...

     -En effet, ce n'est pas compliqué du tout, je te montre comment faire, tu la feras ensuite. Et tu la veux avec quel opérateur? le même que pour la boîte.  Je n'avais pas réfléchis à ça, je lui dis tout de suite :

     - Non pas le même, on peut prendre gmail?


       Nous allons sur la page d'accueil de gmail et il me montre ce que je dois faire. Je tape mon nom d'utilisateur, rose.lune. C'est disponible. Je voulais mettre quelque chose d'un peu loin de mon nom véritable  Je m'appelle  Patricia Galvao-Toubon, mon surnom est Pagu.  Je voulais changer de mon  e.mail professionnel et en même temps rester féminine sur cette nouvelle adresse. Cela donnera en suite  rose.lune@gmail.com
                                    

       Cette adresse n'est en fait qu'un l'alibi pour notre rencontre, elle ne me servira pas pour très longtemps  Notre conversation bat  bon train, il m'explique tout un tas d'autres choses et je lui demande de façon innocente,  si l'on peut savoir le vrai nom de quelqu'un d'après son e.mail?

       - Il est possible, si on est calé,ou si la police veut connaître l'identité de la personne.  Ou... si tu vas sur un forum avec ton nom comme nom d'utilisateur.                                                                                                                                                                                                                                                                               Je  ne sais pas pour quoi il me parle de flics, est-ce qu'il pense que je vais aller sur des sites ou des chats de cul? J'enchaîne les questions pour arriver à la bonne:

       - Pour quoi il y a -t- il  des adresses  .com  et d'autres  .fr, quelle est la différence?

       - Aucune, tout ça c'est la même chose, .com c'est la grande foire planétaire et .fr concentre la recherche en France

        - Comment fait-on un blog?  (Et toc)


         Il a causé pendant une demi- heure, j'ai compris qu'il aimait bloguer et qu'il avait créé des sites-blog pour des amis qui cherchaient des designs plus personnalisés. Il m'a conseillé d'aller voir over-blog,  entre autres plateformes d'hebergement gratuit, et de faire mon choix ensuite. Ce que je veux c'est une page sans pubs . Je n'aime pas les sites qui hébergent et qui mettent en marge du texte des tas d'infos décousues et inesthétiques. Il faudra que ce blog soit agréable à lire et joli à regarder. C'est du moins ce que je crois vouloir pour le moment, car à vrai dire je me demande bien comment je pourrai m'en sortir. Mais quand il faut y aller...

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31 août 2008 7 31 /08 /août /2008 16:50

 

                                                        

                   Je suis quelqu'un qui ne connais rien ou presque en informatique. Je suis arrivée à passer entre les mailles du filet, et professionnellement cela ne m'a pas encore posé de vrai problème. Peut - être parce que dans mon métier l'on ne travaille pas à longueur des journées sur les ordinateurs. Ils ne sont pas, pour nous, à ce point indispensables, et quand le besoin se fait sentir il est tout à fait normal de faire appel à sa secrétaire, qui, elle, est super pointue sur la chose. C'est le cas de la mienne. Quand je suis dans une situation délicate, elle cours à mon secours, sans  faire la gueule: l'on pourrait dire que des fois cela l'amuse. Elle est  jeune, futée et très agréable à regarder.  Le top quoi.  Elle connaît mes handicaps sur un ordi, quand je suis obligée d'y aller, si  cela m'arrive, elle est  toute agitée, un brin nerveuse. Elle rentre dans mon bureau, dépose quelques papiers et m'annonce : "si tu as besoin de quelque chose tu me le dis, ok?" Et s'en va. Ou sinon: "ça va ? c'est pas trop casse -pieds pour toi? tu t'en sors?" Quand je vais relever mes mails et qu'avant d'imprimer un message j'insulte la terre entière, elle débarque et me tire gentiment d'affaire.

 

                 Elle a tout à fait compris que pour moi l' ordi  est casse- bonbon, et comme nous sommes très complémentaires, elle accepte de me venir en aide car il m'arrive de la dépanner dans d'autres domaines.



 

                   J'aime écrire à la main, sur des jolis cahiers bien reliés, j'apprécie le contact sensuel de la peau avec le papier. Le bruit et l'odeur du papier me plaisent. J'aime choisir un stylo plutôt qu'un autre pour écrire même s'il sera plus tard tapé par les doigts agiles de Véronique. Écrire, former les lettres et des mots c'est un exercice extrêmement complexe que notre cerveau réalise, il interagit avec plusieurs informations à la fois et commande la main, qui s'exécute. Cela me fascine!  Mais en dehors de la beauté du geste, il y a tous les accessoires qui contribuent à cette formidable action, moi je ne néglige rien, surtout pas les stylos, au contraire, j'en collectionne.

                   J'ai résisté longtemps à me mettre au travail sur un ordinateur, mais maintenant il va falloir que je me plie à la suprématie de la machine sur ma volonté, pourtant bien farouche, de ne pas l'adopter. J'aurais aussi une autre motivation pour y arriver plus facilement : je veux pouvoir écrire un blog, raconter une histoire, et cela sans recourir à personne.  Dans mon  nouveau bateau  /  il n'y aura pas  /  de place   /  pour   /  Véro. Et  si j'y arrive, je ne pourrai même pas me vanter de l'avoir réussi toute seule, car c'est un secret  que je ne peux pas partager, pour le moment, avec mon entourage. La seule personne en mesure de m'aider au bureau c' est l'informaticien, Il est sympa, discret, c'est à lui qu'il faudra que je pose toutes mes questions très cons, sûrement, à propos des blogs.                                                                                                                                  

                    Nous nous voyons peu dans la semaine, à vrai dire seulement le mardi, quand mon équipe se retrouve au complet pour le briefing.  Il intervient des fois pour expliquer une panne, nous donner des conseils pour une meilleur utilisation du réseau, ou de la base informatique, qu'il est sans cesse en train de perfectionner. Je l'appelle " le magicien de nos petites boites".  Je l'écoute toujours avec attention et beaucoup de respect. Parfois je donne mon avis sur des trucs hyper - techniques, je sais bien qu'ils valent  ce qu'ils valent, pas grand chose, mais il m'écoute  et ça ne met pas en péril notre travail. De toute façon je suis payée pour penser, c'est tout. Après, si c'est idiot ou pas,  c'est une autre affaire. Je crois qu'il y a beaucoup des femmes et d'hommes comme moi, qui n'aiment pas l'informatique mais qui font malgré tout des efforts pour comprendre, ce n'est pas que ce soit compliqué, pour moi, c'est juste inintéressant.                                                                                                                                                                                               

                     Il faudra que j'appelle ce bonhomme, et qu'il monte me voir quand  Véronique ne sera  pas là.

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26 août 2008 2 26 /08 /août /2008 21:23

 

 

 

               Il y a des années sans et il y a des années avec. L'année 2007 a été pour moi, terriblement difficile, l' annus horibilis  dont je ne veux plus me souvenir tant elle a concentré le malheur et la tristesse. A un moment,  j'ai pensé que tout était perdu et que j'allais y passer comme d'autres femmes y ont laissée leur peau ; ma soeur,  elle même, un monument de force et de courage, a baissé les bras en octobre et nous a quitté emportée par le cancer. De mon côté , quand j'ai cru comprendre que j'allais moi aussi avoir affaire à cette saloperie, je me suis dit que quoi qu'il arriverait j'allais me battre, sans relâche, car je me sentais suffisamment solide pour faire face et sortir victorieuse de cette malheureuse étape de ma vie. Même si, à ce moment là, j'ai eu aussi, envie de tout lâcher, presque avec la même niac.
               Cet  étrange  paradoxe,  je l'ai vécu  parfois dans une même journée, ce qui ne rendait pas la journée en question plus facile à passer, bien au contraire. Maintes fois il a fallu que je me raccroche à la vie qui était en moi, et qui semblait vouloir me quitter tant  mon corps était malmené et  souffrait le martyre. J'ai fais plusieurs fois le bilan de mon existence et me suis dit qu'après tout j'avais eu une vie mouvementée, pas conformiste pour un sous. J'avais réussi à tenir l'engagement  fait à mon père, quand j'avais 16 ans. Il voulait que ses filles soient instruites et indépendantes, en mesure d'être maîtresses de leurs désirs et de leurs destins. Ce que je fus au long de mes années, et dans la mesure de mon possible, car là,  la maladie prenais le dessus et  me prouvais que mon destin allait encore changer,  sans que je ne puisse, ou presque pas, le maîtriser.

 

                                                                                 ♥


           

                  Je me souviens de la consultation d' après la mammographie de contrôle. L'échographe avait trouvé que les images étaient louches. Compte tenu de l'historique familial il me conseillait de voir mon médecin traitant au plus vite. J'ai donc filé chez lui, afin d'avoir des précisions, sans mesurer tout à fait ce que cet examen venait d'introduire comme doute dans ma vie. Sans me rendre compte, non plus, que  rien ne serait  plus comme avant,  " à partir de désormais "(1).  C'est mon généraliste qui brosse le portrait de ma situation, et m'explique ce que sont les tâches dans le quadrant inférieur droit de mon sein droit, et que pour être rassurée,  il allait falloir faire une micro-biopsie, à Saint Louis. 
 

                   J'ai obtenu un rendez-vous assez rapidement, par miracle et par l'insistance de mon médecin, sur le caractère urgent du prélèvement. Le cancer du sein a  fait des ravages dans ma famille, mes antécédents étant plutôt alarmants  font que je suis suivie en tant que patiente à risque.

 

                    Lors de ma première consultation au service  d'oncologie où l'on ma expliqué de quoi la biopsie retourne, et que sans elle aucun diagnostique ne peut être envisagé, le médecin enchaîne sur les modes des traitements existants et tous ce "qu'il faudrait entreprendre, pour être sûre pour les années à venir" (dixit). Elle me parle donc de chimio, de radiothérapie et d'autres choses en rapport à ces traitements. Dans ma tête, seulement le résultat de la micro-biopsie donnerait matière à cette conversation qui me semblait  disloquée et un peu prématurée. Je suis, donc,  rentrée chez moi, quasiment au pilote automatique, en me disant que je n'avais pas vécu cette journée, que c'était un mauvais rêve dont j'allais bientôt émerger. Que nenni. Le jour de la biopsie arrive.

 

 

 

 

 (1) cette formule a été inventée par un jeune-homme psychotique avec lequel j'ai travaillé. Il avait le goût pour les phrases bien tournées, auxquelles il adjoignait toujours des adjectifs. La perle de tout ce que j'ai pu entendre venant de lui fut ceci, à propos d'une condamnation dont il avait écopé. En réponse à ma question: pourquoi avez-vous été condamné?  -Ah madame, c'est simple, pour emmerdemment à autrui !


 

 

                                     carcinome lobulaire infiltrant, le raz de marée  

 

 


                                    Sale expérience qu'est cet examen. Non seulement parce qu'il peut aussi vous annoncer le pire mais par la manipulation elle même. Après l'anesthésie locale le médecin m'a demandé si je voulais voir l'intervention sur l'écran ou si je préférais tourner la tête vers le mur. J'ai répondu que je ne voulais rien voir, que j'avais très peur et que moins il narrerait son action, mieux il serait pour moi. Il a ri et m'a assuré que ce serait vite fait.
              

                                    Il commence à planter l'aiguille,  je sens que ça bouge dans mon sein et mon coeur s'emballe, " c'est normal, nous sommes près du vago-sympatique, le coeur réagit". Il  me tranquillise et profite pour me dire quelle est la suite. La tumeur est cachée et pas facile à prélever correctement, cela risque d'être plus long que prévu. Il me donne un peu d'anesthésie en plus et c'est parti pour la deuxième mi-temps. Une nouvelle aiguille, plus grosse que l'autre va prélever un échantillon plus grand,  celle là, elle a la particularité de faire du bruit! En fait, une fois sur la tumeur elle la pince, et l'on entend un bruit de ressort, comme un stylo, mais en plus métallisé.Ce  grincement m'est resté en mémoire, je pense que si je l'entends aujourd'hui, je le reconnaîtrai facilement. Parfois il est dans ma tête et  je me jure, plus jamais ça.
                

                                   Le médecin m'explique qu'il va me falloir attendre trois semaines pour avoir les résultats de l'anathopathologie pour enfin savoir si c'est tout bon ou tout mauvais.
               

                                    Une fois assise sur la chaise du cabinet après examen, j'ai eu un malaise qui m'a obligée à rester allongée dans la salle d'attente une demi heure de plus. C'est à ce moment que j'ai trouvé que ma vie était nulle, malgré les bilans positifs que j'avais pu dresser, les hommes avec qui j'avais vécu n'ont pas été à la hauteur, j'avais fait des choix cons, avec des mecs cons. Je me trouvais là toute seule alors qu'un homme était dans ma vie depuis huit ans, qu'il n'a même pas pu dégager quelques heures de son boulot à la con, comme il dit, pour venir m'accompagner. Il prenait tout ça de très haut avec un optimisme parfois irritant, tellement il avait besoin de dire "ce n'est rien, tu verras, ce  n'est  rien".                                                                     
                                                                                                                                                                                                       Quand j'ai pu me lever, l'infirmière est venue à ma rencontre en lançant un regard aux alentours, l'air de se demander qui venait me chercher. Personne, je lui dis, je suis toute seule. Elle a trouvé ça étrange et m'a demandé de ne pas quitter l'hôpital sans être sûre de pouvoir reprendre mon chemin en disant:        - Allez boire un café, d'abord, ça vous aidera à vous sentir mieux. Un conseil d'amie, sortez quand vos jambes  vous l'autoriseront.                                                                                                                                                                           Je suis rentrée en métro, j'ai choisi le transport en commun comme une sorte de SAS, par ce que j'avais grandement besoin de réfléchir ( je le fais très bien dans le métro ), de me dire que la route serait longue et que les chances de la parcourir seule, loin de ma famille, étaient les plus probables. Et qu'il allait falloir me faire greffer une bonne paire des couilles !                                                                                               

 

                                                            ♥                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                              Le 16 juin,  j'ai revu  mon médecin qui avait dans les mains le résultat de la biopsie. Elle me regarde  droit dans les yeux et me dit sans plus attendre :
- Oui, nous avons bien un carcinome lobulaire infiltrant, un cancer quoi. Mais, je pense que vous vous attendiez à quelque chose comme ça, non?
    

                                   Non, je suis comme n'importe qui, même s'il y a l'épée de Damoclès du cancer en permanence sur la tête des femmes de ma famille, je me suis crue intouchable. Et j'avais vécu ma vie en pensant  de cette façon là.  En plus j'étais suivie comme patiente à risque, je ne pouvais pas imaginer qu'une  tumeur se développerait dans le court espace d'une mammographie à l'autre.                                                                                                                                                                                                                                            

                                   Le siège sur lequel je me trouvais assise, m'a paru soudainement trop petit, je ne savais pas comment me tenir face à cette femme, qui semblait avoir mon âge et qui est, elle, en bonne santé. J'ai haïs ma mère, parce que c'est la branche cancer, en même temps que je me suis laissée tomber les épaules, mais bizarrement, je n'ai pas versé de larmes. Je l'ai regardée à nouveau, droit dans les yeux, et lui ai dit                  - - Merde, alors!

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