Vengeancebrune me prend de surprise, elle tape sur le clavier de mon ordi avec ses longs ongles rouge-sang, l'on dirait qu'ils ont trempé dans la chair d'une proie imaginaire qui s'est débattue et finalement épuisée, se laissera dévorer. Ils sont comme cela les ongles de Vengencebrune, comme des griffes acérée prêtes à l'assaut. Ses doigts rapides sur le clavier m'impressionnent. Je sais qu'elle veut trouver les derniers échanges entre Mon-Ex et sa Sienne. Ils sont souvent en contact, c'est facile de les surprendre. Vengencebrune arrive sur ses photos à lui : il y a la série de son premier voyage en Autriche, du noir et blanc, de la couleur, et des contrastes sublimes sur des paysages éthérés, sur fond de brouillard, et de bleu métallisé du Danube.
Elle est là, en noir et blanc, superbe, longiligne. Elle est aussi photographe, elle pose avec son appareil. La photo s'agrandie et Vengecebrune regarde attentivement les détails passés à la loupe. Pas de rides, une peau claire, nette, apparemment soignée. Soit, il l'a traitée au photoshop ou sinon elle est vraiment parfaite. Mais même une beauté aussi parfaite a son talon d'Achille, je ne le trouve pas, mais c' est désormais tâche pour Vengencebrune, elle fera la recherche qui s'impose, pour obtenir d'autres photos du visage de celle qui est en train de tourner le tête de son mec, et par la même occasion me rendre méchamment curieuse.
En effet , je suis retournée sur ce site de partage de photos, c'est comme cela que j'ai appris qu'il rodait tel un vieux loup autour de cette fille depuis longtemps en la comblant de messages, tous plus flatteurs les uns que les autres. Il lui trouve une grande sensibilité et du sens de l'humour, surtout quand il s'agit de commenter ses photos, elle dit exactement ce qu'il veut entendre. L'ego sur dimensionné de Mon Ex se nourrit de ses paroles, il est en communion avec cette allumeuse, qui ignore que je suis là et que je les observe
.
Vengencebrune fait mieux encore, elle cherche les informations sur la fille. Que dis-je, la fille? Oui, par, politesse (?), car c'est une femme qui a la quarantaine passée, alors que le mâle-aimé a déjà plus de 60 ans! Des informations sur elle : adresse mail, son vrai nom, son adresse et son n° de téléphone. Ce fut facile car tout cela se trouvait sur son website, elle est artiste peintre, entre autre, et fait la présentation de ses copies de tableaux de maître (décidément!) qu'elle propose comme décoration d'intérieur pour des lieux commerciaux. Je sens que Vengencebrune va réagir et cette fois-ci, elle laissera des traces de son passage. Elle dépose un message sur le forum, avec un nom fictif, plein de malices, dans un commentaire écrit au masculin. Elle ouvre aussi les photos de leurs " copains ", c'est dire combien elle est rentrée dans ce truc infernal, qui petit à petit l'ensorcelle.
Je me rappelle qu'un jour Mon Ex m'a parlé de cette "communauté" comme d'une grande famille virtuelle, où tout le monde s'aime bien. Tu parles, où tout le monde le gonfle à bloc, c'est un bon photographe, qui aime aussi écrire sur le travail des autres. Des phrases, souvent empreintes d'inspiration bon- marché,d'adjectifs qui mis bout à bout, parfois, ne veulent pas dire grand chose. Il a beaucoup d'aisance pour faire du remplissage de vide, et quand il ne sait pas très bien que dire, il dit "c'est profond" ! Certains l'ont surnommé "le maître" ou "il maestro" pour les chatteurs italiens, qui ont du mal à décoller de cette idée moyen-âgeuse du "maître".Tous attendent de lui une parole, une critique, une direction à suivre, un enseignement précieux, un soupire de plaisir ! Il leur donne à voir et à lire. Ses commentaires sont souvent plus détaillés que ceux des autres, le maître a plus à dire à ses disciples, et à sa disciple, en particulier! C'est bien simple, l'âne frotte l'âne. Et ainsi vont-ils, d'éloge en éloge, entretenir le feu qui semble de plus en plus crépitant! Je tombe de haut encore, maintenant.
. . . une situation absurde : (
Il faut croire que tomber de haut est devenu ma deuxième nature. Je suis d'abord tombée du haut d'un petit bonheur que j'avais cru construire au fil des huit années, durant lesquelles nous avons partagé des joies et des douleurs, toujours la main dans la main. J'aime cette idée de main dans la main car il a des mains magnifiques et que les miennes y ont souvent trouvées refuge et chaleur. Nous avons été amants et compagnons envers et contre tout.
Notre relation était secrète, il était marié, vivant encore avec sa femme et leurs trois enfants dont seulement le dernier était mineur. Au moment où nous nous sommes rencontrés sa relation avec elle était déjà au point mort, ils faisaient chambre à part depuis un certain temps. C'est du moins ce qu'il m'a raconté. Et il n'est pas impossible que durant un moment il ait pu baiser les deux. Il m'a aussi raconté qu'il avait eu plusieurs maîtresses avant moi, et qu'il pensait, de plus en plus souvent, à leur divorce.
Moi, je vivais dans une situation semblable à la sienne, j'étais mariée mais mon couple n'avais plus aucune raison d'être et je pensais aussi à une séparation imminente. J'avais, à cette époque, une relation suivie avec un homme extra, qui s'est étiolée au moment où moi et mon Ex avons coucher ensemble. Cette nuit là il s'est produit quelque chose de magique entre nous, et après l'orgasme, le premier d'une longue liste, il m'a dit qu'il m'aimait. Cela est sorti comme un gémissement, mixé à un souffle, dans ma nuque. Je l'ai entendu et senti dire : "je t'aime". J'ai vibré de toutes mes cordes, j'ai eu l'impression d'être suspendue dans l'air, en flottaison comme un nuage. Moi aussi, je lui ai dit "je t'aime" .
Peu de temps après, je me suis séparée de mon mari, ma fille a voulu habiter chez son père, par un choix de proximité avec son Lycée. Après ma séparation je suis venue vivre à Paris. dans un tout petit appartement qui est devenu, par la suite, notre nid d'amour et notre refuge.
Nous savions que le jour où son fils serait majeur, nous pourrions envisager de faire un vrai bout de vie ensemble. Il ne voulait pas partir de chez lui tout de suite, la relation du fils et sa mère était infiniment conflictuelle, le garçon, profitant de l'instabilité du couple parental, filait un mauvais coton. J'ai pu tout à fait comprendre la difficulté de cette impasse. Étant mère moi même, je me suis dis qu'il valait certainement mieux pour tout le monde qu'il reste à la maison, attendre le moment propice pour partir, sans laisser derrière lui un immense désordre, dont personne ne pourrait tirer profit. Il quitterait définitivement sa femme, je le savais, pour s'installer, dans un premier temps, seul, et puis après, nous emménagerions dans quelque chose qui serait notre chez nous. J'avais des idées plein la tête, de tout un tas de trucs que je voulais faire et partager avec lui... J'avais tant voulu voyager, voir quelques coins du monde qui nous plaisent ... nous sommes tout les deux français d'adoption habitués aux changements de paysages , aimant la découverte et les langues étrangères. Je voudrais lui faire connaître mon pays, tout comme je voulais retourner dans le sien, avec lui, pour faire le voyage de mes rêves...Cet homme était l'homme de ma vie! Mais la vie nous réserve des surprises et se moque pas mal de nos projets ou de nos envies.Finalement , rien ne s'est passé comme prévu, à la suite de son départ de chez lui. Et je me suis trouvée à me demander ce que j'avais fait pour moi durant tout ce temps où je l'ai attendu.
Notre relation a traversé des moments difficiles, des gros moments de crise, mais nous avons toujours su nous réconcilier, et les nuits d'après réconciliation ont été mémorables, remplies d'amour. Du moins c'est ce que je croyais dur comme fer , tellement je ne voulais pas le perdre. L'aimer pour moi c'était une chose naturelle, qui ne demandait aucun effort , je fus complètement à lui. Et la cerise sur le gâteau c'est qu'au lit c'était bien, je le désirais comme à la première fois, et lui ...aussi
Du moins c'est ce que je croyais jusqu'en mai dernier, quand j'ai laissé entrer dans ma vie un souffle nouveau d'érotisme et de sensualité, qui a bouleversé les certitudes que j'avais sur la bonne qualité de ma vie sexuelle d'avant. Et ce homme qui ne m'a rien demandé, m'a donné énormement de plaisirs et m'a ouvert les yeux sur d'autres choses qui semblaient pourtant bien acquises, dans mon histoire alors que pas du tout. J'ai pu voir combien j'ai été naive et d'après lui, manipulée! C'est dur de devoir regarder les choses en face, mais je lui dis merci, d'avoir été là, et de m'avoir montré que mon bonheur était de pacotille, et mon mec, un sacré con.
Claquemurée
Malgré le cloisonnement, qu'il pratiquait avec maestria lui permettant d'avoir une double vie sans entrave, j'ai réussi à garder ma vie sociale même, si par moments, je prenais de la distance avec mes amis pour être plus souvent avec mon compagnon. Nous avions la priorité, c'était convenu comme cela. Nous vivions séparément, mais la majeure partie de la semaine il était chez moi, à Paris. Il fréquentait mes amis, en revanche je ne pas connu d'amis à lui, sous prétexte qu'ils étaient en commun avec sa femme et que les quelques amis" à lui" ne vivaient pas en France, mais au Maroc. Je me sentais à l'étroit dans cette situation, et maintes fois lui ai demandé, même insisté, pour rencontrer des personnes connues de lui, en proposant d'organiser des dîners ou autre chose, si cela lui semblait possible. Mais le mur était bien dressé entre moi et ses connaissances, je peux dire que je n'ai presque jamais vu personne.
En réalité, je n'ai rencontré que deux seuls amis, mis dans la confidence par la force des choses. Sa famille ne connaissait pas mon existence, à part un frère, venu à Paris et chez moi pour une soirée. A l'époque, il était célibataire et je pense que c'est pour cela que j'ai pu le rencontrer. Me rencontrer, ne le mettait pas trop en porte faux , car célibataire en vadrouille, il n'avait pas la morale très haut placée. Sinon, moi je connaissais l'histoire de presque tout le monde :cousins, tantes, frères,soeurs, mère, enfants et j'en passe.
De mon côté c'était clair, il avait très vite connu ma fille ensuite ma mère, venue en France quelques fois, et tous mes amis, que nous fréquentions ouvertement. Heureusement que j'ai su entretenir mes liens amicaux. Ce sont mes amis qui m'ont soutenue dans ma douleur et ma solitude, j'ai pu compter sur eux sans exception.
Nos vacances nous les passions séparément, jamais il n'a été possible d'envisager quelque chose ensemble. De son côté il partait au bled, avec les enfants, sa femme, peut être encore une ou deux fois, et plus du tout après. Elle partait en vacances avec ses amis ou sa famille, comme une grande . J'ai voulu que l'on parte ensemble, je lui ai proposé de venir au Brésil avec moi, mais pour lui c' était impensable des vacances ailleurs qu'au bled. Du moins pour les vacances d'été. En huit ans, je suis allée une fois au Maroc avec lui, j'ai adoré ce pays et me suis promise d'y revenir pour mieux le visiter. Mais même là, il a fallu rester loin de sa famille, la pestiférée que j'étais! Même après sa séparation, alors qu'il vivait seul, il n'était pas question que je rencontre ses enfants, car cela pourrait certainement chambouler l'équilibre fragile de leurs relations avec leur mère, et entre les enfants eux mêmes. Tous adultes, plus d'enfant mineur, depuis trois ans.
Si j'insiste dans cette description fort ennuyeuse d'une situation absurde dans laquelle j'ai vécu de mon plein gré, c'est pour dire combien, en à peine six mois, tout cela n'était plus d'actualité et la greluche qu'il a ramassée sur Internet, est partie avec lui en vacances, chez son frère et d'autres personnes de sa famille, car ils ont fait un superbe voyage entre juillet et août 2008, d'un mois, au Maroc, appareils photos en bandoulière. Dont les photos sont visibles sur leurs deux sites respectifs. Quelle conne je suis! et quel sacré menteur qu'il est!
J'ai appris dernièrement en parlant avec un ami psychothérapeute de ma rupture, et de comment, tant bien que mal, je me suis relevée, que ce que j'avais vécu, d'après lui, s'apparentait drôlement à de la manipulation narcissique. J'étais accaparée par notre histoire et je croulais sous la charge de problèmes qu'elle m'infligeait , sans voir clairement à qu'elle sauce je me faisais manger, en douceur. Mon ami, qui ne mesurait pas les mots pour dire combien il était amoureux de moi, m'a vampirisée durant toutes ces années. Surtout les années d'avant sa séparation. Bien évidemment, à ce moment de sa vie il avait besoin de moi, et du confort qu'il trouvait, chez moi, à Paris, pas loin de son travail de l'époque. D'autant plus que cela ne lui coûtait rien! Il na jamais participé aux charges de mon appartement, en revanche il avait trouvé une superbe formule pour s'expliquer cette posture. Il disait, sérieusement, que tous ce que nous ferrions en dehors de la maison, serait payé par lui. Les restaurants, les sorties nocturnes, les loisirs divers et variés, les voyages....sauf que nous sortions très peu, de temps en temps au resto, rarement en sorties nocturnes. Quand cela nous arrivait, il m'est aussi arrivé de payer, à pas mal des fois. Et, sur un mois, cela n'a jamais représenté la somme que je depensais pour le mantien de mon appartement .
Les voyages, on n'en parle pas, c'est bien simple, il n'y en a pas eu. Les quelques fois où nous sommes partis ensemble, une fois en Belgique, une autre à Château Thierry et au tout début à Auvers sur Oise, c'est moi qui ai payé les billets de train, pour la Belgique et les chambres d'hôte à Château et Auvers. J'ai encore les factures Il s'est fait des sacrées économies avec moi, ce qui lui permet facilement, d'en profiter maintenant, avec une autre femme.
Ah! il serait injuste de ma part de ne pas relever le fait qu'il m'ait acheté des électroménagers, tous très utiles, surtout par ce que il en profitait également ! Lors de son déménagement, que j'ai aidé à porter, car nous étions seuls à le faire, j'ai acheté plein de babioles chez Ikea, afin de l'appareiller convenablement dans la cuisine et dans d'autres pièces de son chez lui. J'ai monté ses bibliothèques, j'ai installé tous ce qu'il a dans sa salle de bains, j'ai mis du fric là où aujourd'hui une autre se prélasse et s'envoie en l'air. C'est avec ce médiocre que j'ai consommé mes dernières années de jeunesse en bonne santé!
Pour mon ami psychothérapeute, demeurer dans cet état des choses fut pour mon compagnon, la façon qu'il trouvait d' entretenir une autre relation en parallèle à la notre. Ou, du moins, l'idée que cela restait possible. J'ai tout de même appris plus tard, qu'il avait couché, couché, couché...dont "une" était aussi une connaissance à moi. Qu'un jour se pointe sans prévenir, et lui, tout embarrassé, doit se débrouiller pour la faire partir, sous prétexte qu'il recevait un de ses frères!!!! Il fallait voir sa tête quand il est revenu dans le salon, pour m'expliquer, l'inexplicable. Dans une sorte de toute puissance, il tissait ses réseaux, se croyant parfaitement protégé... les informations ne se croisaient jamais, elles allaient dans des canaux distincts, les personnes changeant à chaque fois que les lieux changeait. Comme il savait très bien que j'étais aux antipodes d'Internet et qu'en plus, mes connaissances en navigation étaient quasiment nulles, il s'est senti tout à fait à l'abri d'une surprise et s'est laissé aller sans retenue.
Mais la cruche en a décidé autrement, et avec mes petites ressources, très malade et une peur bleu au ventre, je me suis lancée, sans filet, dans une recherche effrénée qui m'a, une fois de plus, fait tomber de très haut ! J'ai eu terriblement mal, mais je ne me suis pas pour autant découragée. Bien au contraire, je me suis prise par la main et suis retournée dans cet univers déjanté d'Internet , avec le grain de folie que je comptais bien apporter à la situation.